Certains pensent qu’il s’agit d’une illusion, tandis que d’autres pensent qu’elle constitue la clé de la transition écologique à venir : la finance verte cristallise les opinions. Face à l’ampleur de la crise environnementale, les besoins d’investissements soutenables, alignés avec nos intérêts à long terme, sont massifs. Tandis que la finance traditionnelle dirige les investissements vers les projets les plus rentables, la finance verte prend en compte des aspects extra-financiers, comme l’impact environnemental, pour réaliser des investissements. Pourtant, celle-ci reste marginale dans l’écosystème financier international. En 2021, la valorisation mondiale de l’ensemble des obligations vertes serait de 2,36 trilliards de dollars, un chiffre important mais nettement inférieur à ceux de la finance traditionnelle. Plusieurs raisons permettent d’expliquer ce constat : la finance verte manque d’un cadre réglementaire international, qui permette de préciser ses standards, attentes et critères. De plus, les acteurs financiers sont encore peu sensibilisés aux impacts de la crise environnementale à venir, ce qui induit un manque de compréhension des enjeux à long terme, au profit d’une rentabilité économique à court terme. Enfin, certaines activités particulièrement polluantes, comme le minage de crypto-actifs, restent non-encadrées par les pouvoirs publics.
Afin d’aligner les intérêts des investisseurs et nos intérêts à long terme, il est nécessaire de renforcer la rentabilité économique des instruments financiers verts. Pour cela, la notion de finance à impact propose quelques pistes de réflexion. Concilier rentabilité économique et impact social et écologique positif constituerait la solution pour associer la finance traditionnelle à la lutte contre la crise environnementale. Le concept a été repris par le Ministère de l’Économie et des Finances, qui a lancé en mars 2021 la task force « Finance à impact », visant à poser une définition commune de la finance à impact. La définition à l’échelon supranational de standards en matière de produits financiers verts reste essentielle afin de structurer la finance verte et de dynamiser les investissements. La proposition « European Green Bond Standard » de la Commission européenne représente un premier pas dans le sens d’une réglementation internationale.
Enfin, le minage de crypto-actifs représente une activité financière particulièrement polluante qui est encore largement oubliée par les pouvoirs publics. En mai 2021, Elon Musk annonçait que l’entreprise Tesla n’accepterait plus les bitcoin comme moyen de paiement, jugée trop polluante. Cette annonce a produit une prise de conscience massive de l’impact négatif des crypto-actifs sur l’environnement. Pour comparaison, le minage de bitcoin consomme annuellement plus d’énergie qu’un pays comme l’Argentine. La régulation des activités de minage n’est pas prévue au programme des discussions de la COP 26, qui se déroulera à Glasgow en novembre 2021. Du côté des acteurs économiques, l’initiative Crypto Climate Accord a été lancée par des acteurs de la fintech. Elle prévoit de transitionner les activités de minage vers une consommation d’énergie 100 % basée sur les énergies renouvelables d’ici 2025.
Tout l’enjeu du financement de notre transition écologique repose sur une meilleure prise en compte des risques économiques à long terme par le secteur financier. Il ne faut donc pas négliger l’importance de la sensibilisation en la matière.
Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.