La crise pandémique, reflet probable de notre fragile relation avec la Nature, a mis en avant les faiblesses de nombreux systèmes de production industriels, en soulignant leur dépendance vis-à-vis d’un nombre réduit d’acteurs. Tandis que l’Inde produit 20 % de l’ensemble des médicaments non brevetés et plus de 50 % des vaccins, autour de 90 % des terres rares nécessaires à la plupart des technologies numériques proviennent de Chine.
Cette nécessaire refonte globale de nos chaînes de production n’est que l’arbre qui cache la forêt. Alors que la souveraineté industrielle est sur toutes les lèvres en cette actualité 2021, la métamorphose plus discrète de nos systèmes industriels dans leur fonctionnement n’en est que plus importante. Production plus responsable, synergies grandissantes avec le vivier d’emplois disponibles, préoccupation grandissante pour le bien-être des travailleurs… Les enjeux sont toujours plus nombreux, pressants et cruciaux !
Tout comme le design renvoie à des qualités comme la créativité ou l’efficacité, le processus menant à dessiner les contours de l’industrie du futur devra être particulièrement audacieux pour prendre en compte un certain nombre d’enjeux qui semblent incompatibles, voire antinomiques. L’industrie, au service a priori de la croissance et de la consommation de masse, peut-elle se réconcilier efficacement avec l’urgence climatique ? La révolution numérique peut-elle être en adéquation avec la préservation de l’emploi ? La construction d’une industrie d’avenir pourra-t-elle se faire de manière inclusive ?
Dans le cadre de l’objectif de transition écologique global, dans lequel s’inscrit par exemple l’objectif de l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, l’industrie sera un allié de poids. La proportion mondiale des émissions de GES dus à l’industrie représente en effet autour de 20 % du total émis, avec des variations significatives entre pays. L’industrie du futur devra prendre en compte ces objectifs environnementaux, dans la capacité à déployer sa production de façon plus sobre et durable, tout en adoptant des outils permettant de suivre et planifier ces cibles, comme la comptabilité environnementale ou l’analyse de cycle de vie.
Le numérique est également une manne considérable d’opportunités pour l’industrie : la fabrication additive et l’essor de l’impression 3D permettent de nouvelles façons de produire à grande échelle, sans compter la robotisation des systèmes de production. La préservation des emplois et le développement des compétences numériques des salariés sera donc la clé de voûte d’une industrie d’avenir porteuse de bien-être salarial tout comme d’efficacité technique et numérique optimale.
Afin de permettre cette réflexion, il est important d’inclure un maximum d’acteurs étant parties prenantes : État, collectivités, syndicats, entreprises, employés, ONG sont tout autant de voix qui doivent porter à la table de la co-construction de l’industrie du futur.
Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.