« Utiliser l’argent comme un moyen, comme un levier de transformation de l’économie » : cette phrase est celle de Coline Debayle, co-fondatrice de Time for the Planet, qui le temps d’une Keynote, s’est exprimée aux Rencontres du Développement Durable, lors d’une journée consacrée au thème « recycler l’économie ».
Time for the Planet rassemble et fédère des acteurs privés et publics dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par sa démarche incitative, elle permet également aux individus de s’investir économiquement et humainement dans cette cause. Elle assure d’une certaine manière, en donnant la possibilité aux citoyens de devenir actionnaire, une décentralisation du pouvoir de décision dans la lutte contre le changement climatique. Cette démocratisation repose sur une adaptation de la logique actionnariale.
En levant des fonds et en agissant comme vecteur entre le monde scientifique et celui de l’entreprenariat, cette start-up réduit les coûts en temps. Elle favorise également la création et l’innovation en permettant l’association de ces deux mondes au sein d’une même entreprise. Ces nouvelles entreprises produiront des solutions permettant de lutter contre le changement climatique. Tous les secteurs économiques sont concernés car il s’agit de lutter contre un problème systémique. Le résultat de ce travail commun sera, une fois terminé, diffusé en open source, mais conditionné à certaines règles d’utilisation non punitives ; c’est à dire qu’il sera impossible, ou très difficile de bénéficier de l’invention ou de l’innovation relative à ce travail. Il est intéressant de noter que la responsabilisation de l’utilisateur ne provient pas d’une mesure réglementaire, ou de régulation. Mais elle est le fait d’un acteur privé.
En outre, la rentabilité de ces entreprises créées par ce « fonds d’investissement citoyen » reste importante et se mesure d’une manière qui lui est propre. Les retours sur investissement s’expriment en un « taux de retour pour la planète » : « pour chaque euro mis dans [le fond], vous saurez combien de (…) tonnes de Co2 ou gaz à effet de serre n’ont pas été émis ou ont été capturés » nous explique Coline Debayle. En tout, ce sont 4 leviers qui sont visés : la neutralité carbone, l’efficacité énergétique, la sobriété, et la captation carbone. Ces retours sur investissements sont donc d’une part, convertis en une valeur environnementale et d’autre part, profitent au bien commun.
Il y a donc des causes qui ne peuvent dépendre uniquement de l’action de l’État, le climat et l’environnement en témoignent. Nous sommes « la dernière génération capable d’agir » rappelle Coline Debayle. Il est donc nécessaire d’agir collectivement. En ce sens, les acteurs privés dans différents États, peuvent créer des ponts entre eux, face à un multilatéralisme qui demande à être renforcé.